Textes et écrits d’Adélaïde Hautval

Voici quelques écrits d’Adélaïde Hautval suite à sa captivité et pour certains en réaction à l’actualité

Médecine et crimes contre l’humanité

Le texte central d’Adélaïde Hautval est le manuscrit qu’elle a écrit en 1946, qu’elle n’a finalement confié qu’en 1987 à ses amies de l’ADIR pour publication. Il a été une première fois édité aux éditions « Actes Sud » dans la série « La fabrique du corps humain » grâce à la ténacité et la volonté d’Anise Postel-Vinay, compagne de détention, et de Claire Ambroselli, directrice de la série. Anise Postel-Vinay :
« En 1946 Haïdi jeta sur le papier plusieurs épisodes de ce qu’elle avait vécu, mêlés de courtes réflexions sur les drames profonds qui se posaient aux déportés pour maintenir le cap de « l’inviolabilité et la primauté de la personne humaine ». Elle ne toucha plus à ses notes pendant une bonne quarantaine d’années. Mais voyant la violence se réinstaller dans le monde, l’angoisse la poussa à trier ses papiers et à en dactylographier l’essentiel peu avant sa mort. Elle confia le manuscrit à ses camarades de camp qui, grâce à Claire Ambroselli, purent le faire éditer une première fois aux éditions Actes Sud en 1991. »

Synopsis du livre du Docteur Adelaïde HAUTVAL
« Médecine et crimes contre l’humanité » (édition du Félin 2006)

Allocution prononcée lors de la journée de Commémoration des Héros et des Martyrs le 17 avril 1966 à Jérusalem

Chers amis d’Israël,
Je suis vraiment heureuse d’être parmi vous ce soir. Je peux difficilement vous dire combien cela représente pour moi d’avoir le privilège d’évoquer avec vous tous ceux qui ont tant souffert et qui ont disparu.
Je viens juste de passer 15 jours en Israël et j’ai été étonnée de ce que j’ai vu. Avant tout j’ai ressenti une grande joie de voir le miracle suprême : des hommes et des femmes revenus des camps Nazis prenant part eux-mêmes à la reconstruction de leur pays, quelque chose que personne n’aurait jamais pu penser possible. Mais ce n’est pas de passé que je souhaite vous parler. C’est le futur qui compte, le futur issu de ce passé douloureux que nous ne devons pas oublier.
J’admire vos réalisations formidables, la ténacité dont vous avez fait preuve pour trouver des solutions à vos problèmes techniques. J’aime votre jeunesse fortement dynamique, si empreinte du futur.
Pourtant ce qui m’a le plus touchée c’est la grande tolérance que vous manifestez envers le mélange hétérogène de peuples et de croyances qui résident dans votre pays, vous qui avez tant souffert de l’esprit de séparatisme et de l’exclusion. Vous avez bien compris que la diversité peut être source de richesses et qu’à chaque existence doit être donnée la chance de vivre en égalité avec tous les autres .C’est la seule façon d’être vraiment fidèle à la mémoire de vos martyrs. Vous avez agi avec une sagesse digne de Salomon. C’est la leçon que le monde doit retenir : il doit comprendre que le racisme, sous toutes ses formes, n’est rien d’autre qu’une aberration.
Un autre fait m’a fortement impressionnée lors de mon voyage : celui d’être en présence  de personnes qui sont « revenues chez elles ». Cette impression a été très forte. De toutes mes rencontres j’ai acquis un sentiment de force, d’assurance. A présent ce sont eux, les autres, qui sont les hôtes, et cela est bien qu’il en soit ainsi. Les choses sont redevenues dans l’ordre.
Le retour du peuple d’Israël dans son propre pays constitue un accomplissement qui non seulement vous concerne, mais le monde entier. Il fut ardemment espéré également par les non-juifs. Israël a toujours joué un rôle fondateur et fédérateur, ce dont il fut haï ou respecté. Sa mission dans le monde perdure et  Israël  doit rester fidèle à cette mission. Toute l’histoire de ce peuple démontre la primauté  des forces spirituelles, et de ce fait ses engagements ne peuvent que réussir 
De tout mon cœur je souhaite que bientôt la signification de votre magnifique « Shalom » puisse effectivement matérialiser cette paix dont vous avez tellement besoin.

Le fait qu’elle ait décidé tardivement de publier ce témoignage atteste de sa volonté que ce qui s’est passé dans les camps, ce qu’elle a elle-même vécu, ne tombe pas dans l’oubli afin que l’humanité ne sombre plus jamais de cette façon. Cette volonté est à la source de ce petit site internet.

Le serment d’Hippocrate

Il me semblait important de rappeler ce texte qui est d’une importance primordial dans le parcours de Haïdi durant ses années d’internement.
Il s’agit de la version actuelle de la faculté de médecine de Paris.

Le procès de Nuremberg

Haïdi n’a pas témoigné au procès de Nuremberg car elle estimait, d’un point de vue éthique et philosophique, que seule la justice divine, face à de telles monstruosités, pouvait être à la hauteur d’un tel jugement.
C’est une position difficile à comprendre, qui n’est pas faite d’une seule pièce, je me permets ici de m’en faire l’interprète complètement libre et totalement subjective.
Il s’agit ici du degré de monstruosité : que l’on ne peut pas juger
Du fait de juger certains et pas d’autres: une sorte d’injustice
De juger de la dose de responsabilité, dans la marche du système ? Vis à vis d’individus ? Quel est le plus lourd ?
Être animée par le doute, se sentir coupable soi-même, quelle autorité morale se sentait-elle être ?
Sa décision a été sans appel.

Le vrai visage du procès de Londres

Les Apôtres des camps

C’est un texte publié dans «Editions Défense de la France »,1946, pages 200 à 204 dans lequel, tout en décrivant des situations tragiques, Haïdi rend plus qu’un hommage à ceux qui sont restés dignes, restés humain, très poignant.

Elle signe de son pseudonyme « Olivier » dont elle explique l’origine dans son livre « Médecine et crimes contre l’humanité ».

Le 10 juillet 1946, André-Abraham-David LETTICH, sous la présidence de Charles RICHET, présente et soutient une thèse de doctorat en médecine « Trente-quatre mois dans les camps de concentration, témoignage sur les crimes « scientifiques » commis par les médecins allemands » qui contient le témoignage d’Adélaïde Hautval.

Carnet de voyage Voix et Visage de juillet-octobre 1966

Haïdi donne ici ses impressions de son voyage effectué en Israël à l’occasion de la remise de la médaille des Justes parmi les Nations.
Elle est très enthousiaste sur le pays en construction et ce témoignage simple, sorte d’instantané de cette époque est très intéressant à lire aujourd’hui. D’un point de vue historique et politique le point clé est dans l’encadré de la fin de l’article à la 3ème page.

Il y a 20 ans déjà (écrit en octobre 1961)

La violente répression de la manifestation, organisée par la branche française du FLN, le 17 octobre 1961, a été occultée, cachée durant de nombreuses années. La guerre d’Algérie reste peu enseignée dans les cours d’histoire, à moins d’être historien, le(la) citoyen(ne) n’en a aucune connaissance, dans ces conditions difficile d’avoir des opinions sur tel ou tel événement, simplement se rattacher au principe selon lequel tout acte de torture est intolérable et que le terrorisme est inacceptable. Dans le contexte d’aujourd’hui, ce mot d’Adélaïde Hautval paru dans le journal du foyer de Grenelle, alors qu’elle n’a jamais mené aucune action politique et qu’elle a toujours été dans le domaine strict de l’éthique, est un bon repère il me semble.